Lu, fait, entendu, partagé, pensé cette semaine, du 22 au 29 novembre 2020.

Dimanche dernier ⏰

Partagé 📚 Groupe de lecture autour de "White Fragility - Why It's So Hard For White People To Talk About Racism" de Robin DiAngelo

En octobre, j'ai rejoint un petit groupe de lecture de six personnes.

Ensemble, lors de la première séance, on s'est demandé :

Notre dernier rendez-vous en date proposait la lecture lente d'un morceau choisi. C'était un exercice tout nouveau pour moi, pourtant adepte de lectures partagées depuis les confinements successifs. Cette forme et les rebonds du groupe m'ont fait porter une attention beaucoup plus fine au langage, presque à la manière d'une traductrice. C'était agréable !

Nous avons lu cet extrait du chapitre « Les larmes des femmes blanches » :

« Une collègue non blanche m’a raconté une anecdote dans laquelle une femme blanche, nouvelle venue dans une association pour la justice raciale, venait de se voir proposer un poste de superviseuse à plein temps. Elle devenait la supérieure hiérarchique des femmes non blanches qui travaillaient là depuis des années et qui l’avaient formée. Lorsque la promotion a été annoncée, la nouvelle arrivée a demandé en pleurant aux autres femmes de l’aider à apprendre les ficelles du métier. À ses propres yeux, il s’agissait peut-être d’un signe d’humilité exprimant les limites de ses connaissances raciales, et elle en attendait sans doute des propositions d’aide. Ses interlocutrices devaient quant à elles gérer l’injustice de cette promotion, l’invalidation de leurs aptitudes et l’absence de prise de conscience raciale de la personne blanche de qui dépendait désormais leur gagne-pain. Tout en essayant de gérer leurs propres émotions, elles se retrouvaient sur la sellette : si elles ne faisaient pas le moindre geste de soutien, elles risquaient d’être considérées comme colériques et insensibles. »

J'en retiens que quoiqu'on prête comme intentions à la femme blanche en question, le résultat est le même.

Je continue ma lecture et je projette de partager ce que j'y relève, comme je l'avais fait pour le bouquin de Reni Eddo-Lodge.

Participé 🗣 Journée de lutte contre les violences faites aux femmes

Au marché, la semaine dernière, j'ai vu des femmes (celles que je vois à chaque moment qui nécessite une mobilisation et une action : les lesbiennes) proposer aux stands d'afficher une info pour un rassemblement dans ma petite ville. D'habitude, les rassemblements ont lieu dans la ville moyenne la plus proche : Valence.

Ça m'a fait penser à Alice Coffin qui écrit dans « Le Génie Lesbien » que les lesbiennes sont toujours à l'origine ou présentes dans les rangs de mouvements de justice sociale. Merci à elles, à leur temps, à leur énergie initiatrice, structurante et constante, pour les moyens qu'elles y mettent, pour les risques qu'elles prennent.

En sortant le jour J, j'avais la trouille. La trouille qu'on soit peu, que les flics nous reconnaissent, qu'ils nous fichent dans leur cerveau. J'y suis allée seule. D'ailleurs, c'est eux que j'ai vu en premier. Barrage du pont, en surnombre, à rien faire, à dévisager les passant-es. Hostiles et inutiles.

J'avais pas fait de pancarte. J'ai traversé le pont et j'ai eu quelques larmes chaudes de bonheur de voir la foule déjà là. Sur le coup, je me suis dit que j'avais jamais été une grande gueule, et que même là, la voix franche et résonnante ne vient pas, ou difficilement (ok, sauf pour mes favoris « Les flics, l'état, ne nous protègeront pas, contre les violences sexistes, riposte féministe » ou encore « allez les gars combien vous gagnez pour faire ça »). J'ai encore un peu d'exploration à faire en moi pour venir rugissante.

Ça m'a fait un bien fou, d'être là malgré tout, de nous voir là malgré tout, d'écouter les témoignages, les réflexions, la poésie et les chansons.