« La suradaptation est une réponse inconsciente à la douleur : pour survivre, l’enfant apprend à cacher ses besoins et à devenir ce que les autres attendent de lui, au détriment de son propre être. » ****— Janina Fisher
Le traumatisme développemental se définit comme l’ensemble des expériences prolongées ou répétées qui perturbent profondément le développement émotionnel et neurobiologique de l’enfant ou de l’adolescent. Ces expériences se manifestent souvent dans des environnements marqués par l’instabilité affective, l’insécurité émotionnelle, l’imprévisibilité relationnelle, ou des soins affectifs insuffisants voire défaillants.
Ces conditions affectent la maturation du système nerveux autonome, essentiel à la régulation émotionnelle et à la gestion du stress. Elles perturbent aussi la construction de ce que Dan Siegel nomme la « carte interne du monde » — ce modèle mental et corporel que l’enfant élabore à partir de ses interactions avec son environnement et qui structure ses attentes, ses besoins, ses limites et ses comportements futurs.
Contrairement à l’adulte, l’enfant ne dispose pas des ressources nécessaires pour questionner ou modifier son environnement. Sa priorité première est la survie, qui dépend étroitement du maintien du lien avec ses figures d’attachement. Ainsi, il intègre souvent comme réalité la nature instable ou menaçante de son milieu, ce qui peut générer une perception déformée de lui-même, avec un sentiment d’insécurité intérieure renforcé.
Tous les enfants vivent des défis ou des frustrations dans leur développement. Ce qui différencie une expérience difficile d’un traumatisme développemental, c’est l’intensité, la durée, le manque de soutien émotionnel et la répétition de l’exposition à un stress que l’enfant ne peut ni comprendre ni réguler seul.
Le traumatisme développemental ne naît donc pas uniquement d’un événement majeur et identifiable. Il émerge souvent dans des contextes relationnels ou environnementaux où les expériences ont été trop précoces, trop intenses, trop rapides, trop longues ou trop déroutantes pour le système nerveux en pleine maturation de l’enfant. Ce sont ces trop, répétés ou prolongés, qui désorganisent les fondations affectives et corporelles sur lesquelles l’enfant construit son sentiment de sécurité, son identité et sa capacité à être en lien.
Voici quelques formes typiques de ces contextes où le système nerveux a été contraint de s’adapter sans disposer des ressources suffisantes (il te suffit de cliquer sur le petit triangle à gauche pour déplier le menu et découvrir une explication détaillée, accompagnée d’exemples concrets) :
« L’enfant préfère perdre son authenticité plutôt que le lien, car le lien est une question de survie. » — Gabor Maté.