Dans ce premier article, nous vous proposons un petit tour d’horizon de la situation de l’éducation et de l’enseignement supérieur en Inde, à travers les yeux des entrepreneurs que nous avons rencontrés. Vous comprendrez mieux pourquoi ils ont décidé qu’il était temps de proposer d’autres modèles.

Deux prochains articles porteront sur :

L’éducation publique en Inde : une promesse d’accès mais un système défaillant empreint d’idéologie

Un haut bâtiment entouré de champs de blé et d’orge se dresse au milieu d’une plaine sans charme dans une petite ville du Bihar, l’état le plus pauvre d’Inde. Les élèves, en uniforme, se dépêchent de monter les escaliers pour rejoindre leur classe nous faisant un grand sourire au passage, tantôt curieux, tantôt surpris. Nos deux guides, Angeli et Prem, nous disent de venir les voir dans leur classe. Le directeur de l’école, Ravi, nous conduit de salle en salle pour saluer les élèves. Une vingtaine d’élèves par classe, par niveau et parfois avec des âges différents selon leur niveau, les filles d’un côté les garçons de l’autre. Nombreux parmi eux nous disent que leur matière préférée, ce sont les sciences : l’une veut devenir médecin, l’autre biologiste, un autre nous dit qu’il aime la science car c’est concret, ça explique des choses qu’il voit autour de lui. Shanti India School accueille plus de 700 élèves issus des milieux pauvres de Bodh-Gayâ dans le Bihar. La direction doit refuser des enfants par manque de moyens pour le moment : même les familles plus aisées veulent venir ici pour la qualité de l’éducation, bien meilleure que celles des écoles publiques de l’Etat.

Shanti India School - Free Education à Bodhgaya

Shanti India School - Free Education à Bodhgaya

En parallèle, il y a ce qu’on lit dans la presse européenne sur l’éducation en Inde. Les récentes modifications apportées au programme et aux manuels, drastiquement réduits suite au COVID-19, ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres d’une politique éducative du gouvernement qui affaiblit l’école publique :

Le Monde - le 21 juin 2023

Le Monde - le 21 juin 2023

Le Monde - le 1er juillet 2022

Le Monde - le 1er juillet 2022

Les deux précédents exemples résument bien la situation que nous avons pu observer en Inde : malgré le “Right to Education Act” de 2009 rendant l’école obligatoire en Inde, le système d’éducation publique, en théorie accessible, reste fragile. Deux ans de fermeture pendant la pandémie l’ont encore affaibli et ont ouvert la voie à des dérives idéologiques, déguisées derrière une volonté de réforme.

Face à cela, des entrepreneurs et des innovateurs refusent l’état de fait et se retroussent les manches, parfois depuis 10-15 ans. Ils imaginent des modèles d’éducation et d’enseignement en phase avec les enjeux de notre temps et avec la réalité des écosystèmes et cultures de leurs élèves.