https://images.unsplash.com/photo-1577894947058-cfdae4276bef?ixlib=rb-1.2.1&q=85&fm=jpg&crop=entropy&cs=srgb

Mon nom est Carlos Diaz (aka El Gringo) je suis tech-entrepreneur, investisseur, podcaster, blog writer, bread maker et guitar player. Certains jours je rends publics les feuillets de mon journal.

Je me suis levé ce matin avec cette idée que mes filles ne connaîtront peut-être jamais la vie au bureau. Vous vous rappelez, cet endroit confiné trop loin de votre domicile où vous vous rendiez péniblement chaque jour pour travailler avec des collègues plus ou moins plaisants et où vous passiez plus de huit heures quelques fois sans savoir pourquoi. En fait le bureau, c'est so 2019...

La crise du COVID a poussé des millions de personnes à devenir des "remote-workers". Aux US 34% de la population active travaillent aujourd'hui depuis leur domicile. Ils n'étaient que 4% avant le confinement. Le Coronavirus n'a pas inventé le télétravail bien sur, beaucoup de gens en parlaient mais en fait peu de gens le pratiquaient. Le télétravail c'était un peu comme le sexe chez les adolescents en fait... J'avais fait un Silicon Carne sur le sujet et Fred Plais, co-fondateur de Platform.sh qui a 100% de ses effectifs full-remote (plus de 150 personnes) apparaissait alors comme un ovni. Une exception. Le modèle qu'il prônait à l'époque (c'était il y a 5 mois...) est devenu aujourd'hui notre quotidien. Je vous invite à re-écouter cette émission, on a l'impression d'un épisode prémonitoire enregistré il y a 20 ans...

https://open.spotify.com/embed-podcast/episode/78Zq3Y9A0WTq9TBAysjrTo

On le disait déjà dans cet épisode, devenir remote implique un gros investissement que ce soit en terme de culture, d'énergie et d'argent. Aujourd'hui le COVID oblige toutes les entreprises à faire cet effort et beaucoup ont compris que cet investissement était un investissement sur le long terme. Il est clair que l'expérience de bureau qui était la norme il y a encore quelques semaines a peu de chance de revoir le jour. Alors à quoi faut-il s'attendre ?

Plus personne ne travaillera au bureau 5 jours par semaine...

Inutile d'évoquer les impacts de la chose sur le marché de l'immobilier professionnel et tous les business adjacents (restaurants, sociétés de nettoyage, taxis, commerces de proximité...). Il est évident aujourd'hui que même une fois dé-confinés nous ne retournerons pas au bureau quotidiennement. Je pense que l'on va voir les gens alterner télétravail et présence au bureau d'abord parce que beaucoup des employés auront pris goût au travail à la maison mais aussi parce que c'est une opportunité unique pour les entreprises de réduire leur surface de bureau et donc leurs coûts. A ce sujet, je pense que le modèle économique des bailleurs va subir un changement profond notamment en passant d'un modèle de bail aujourd'hui long (3-6-9) à des modèles plus courts voir on-demand. Les entreprises loueront des espaces périodiquement selon leur besoin ponctuel pour des périodes allant de quelques heures à maximum quelques jours. Au-delà du modèle c'est peut-être l'architecture même des espaces qui est à ré-inventer aujourd'hui.

Moins de compétition et une mondialisation des compétences...

Une étude a démontré que le télétravail créait plus d'égalité entre les individus alors que le travail au bureau créait lui des inégalités fortes notamment en terme d'accès à certains jobs et de plan de carrière. Aujourd'hui le fait d'être un ingénieur à SF ne vous garantit plus l'accès à des postes spectaculaires. Vous vous retrouvez désormais sur un pied d'égalité avec tous les autres ingénieurs de la planète. C'est une formidable opportunité pour tous les individus du monde entier jusqu'alors pénalisés par leur lieu de naissance et de résidence. Peut être la fin du vieil adage "Talent is equally distributed on the planet, the opportunity is not".

Plus de process et une mesure permanente des résultats...

C'est un point évoqué dans l'épisode de Silicon Carne avec Fred Plais, le remote implique une documentation de tous les process de l'entreprise. La culture et la connaissance informelle s'effacent au profit d'une connaissance plus rigide et systématiquement documentée. Tous les processus que vous aviez l'habitude de maintenir de manière informelle, toutes les questions auxquelles vous aviez l'habitude de répondre au hasard d'une pause ou d'une réunion, doivent désormais être immédiatement documentés et archivés. Dans le même temps, l'uniformisation des process et des connaissances va permettre une mesure en temps réel de la performance de chaque individu et de l'entreprise en général. Si vous pensez que le travail à distance fait la part belle aux tir-au-flanc, je pense au contraire que cela va devenir pour eux de plus en plus difficile de faire semblant...

Moins de coûts et plus de rentabilité pour les entreprises...

Si la mise en place du télétravail a clairement un coût sur le court terme, sur le long terme les économies sont colossales. Je ne parle pas seulement des économies sur les loyers. La plupart des bénéfices se feront sur la masse salariale. Comme évoqué plus haut, l'accès à un pool de talent mondial va réduire la concurrence sur les postes et permettre des économies substantielles. La Silicon Valley est un formidable exemple de cette sur-enchère des talents. La pénurie locale des compétences a logiquement fait augmenter les salaires et par ricochet le coût de la vie sur place. Si le télétravail devient la norme, l'ingénieur payé aujourd'hui $120,000 à SF se retrouve de facto en concurrence avec l'ingénieur payé $30,000 à Buenos Aires. Enfin, le travail remote et l'effort de normalisation et de documentation des processus devraient également permettre des économies importantes en terme de formation et une baisse des coûts liés au turnover.

Un exode urbain...

Si les gens se mettent à travailler majoritairement depuis leur domicile forcément cela aura une incidence sur leur lieu de résidence. Certaines personnes émettent aujourd'hui l'hypothèse selon laquelle le COVID va accélérer l'exode des villes vers les banlieues. Je pense pour ma part que le shift est bien plus important qu'un simple déplacement de quelques kilomètres. C'est notre mode de vie et nos aspirations individuelles qui vont être transformés. Les gens vont privilégier un cadre de vie plus rural, moins oppressant et moins coûteux. Nous avons accepté les contraintes des villes à forte densité essentiellement pour avoir accès aux opportunités professionnelles qu'elles offraient. Si le lieu n'est plus un critère alors les contraintes qui lui sont liées n'en valent plus la peine. Il est temps d'investir à Limoges les amis.