<aside> ➡️ Muro (Muru en Corse) est un petit village de 242 habitants, situé dans le département de Haute-Corse. Mais c’est aussi et avant tout mon village ! J’y ai vécu et étudié jusqu’à l’âge de 15 ans puis je l’ai quitté pour poursuivre mes études au lycée puis à l’université. Mais je ne l’ai jamais oublié ! Comme je n’oublierai jamais mes enseignants du primaire et plus encore Marie Moretti. La maîtresse du cours complémentaire de l’époque. Je lui dois beaucoup !

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Relief et hydrographie

Figure 1 : Carte topographique au 1/25000ème de la commune de Muro. Edition IGN Calvi Est.

Figure 1 : Carte topographique au 1/25000ème de la commune de Muro. Edition IGN Calvi Est.

Le territoire de la commune correspond à une longue bande de terre de 7.9 km². Allongée Nord-Sud, elle s’étend depuis son extrémité méridionale, la Cima di Cuzia qui culmine 1381m ; jusqu'à son extrémité septentrionale, un point situé à la jonction entre les ruisseaux de Leca et de Piano à 160m d’altitude, dans la plaine du Reginu. Un territoire donc marqué par une forte déclivité de plus de 1220m, ce qui s’explique par le fait que la commune de Muru se trouve adossée au flanc nord du Monte Grosso, le plus haut sommet de Balagne (1891m).

Sur le plan géomorphologique, l’extrême sud de la commune correspond à une cuvette d’aspect rocheux, à forte pente, parcourue par plusieurs torrents qui, aux environs de la côte 550, se rejoignent pour donner le ruisseau d’Orsoni. Ce dernier arrose les abords immédiats du village de Muro jusqu’en contrebas du hameau de Poggiali où il prend le nom de ruisseau de Leca. De là, il s’écoule dans la partie septentrionale de la commune marquée par une très faible déclivité pour rejoindre le ruisseau de Piano affluent du fleuve Reginu.

Le village de Muro se situe à 400m d'altitude, dans la partie basse d’une cuvette dominée par les hauteurs du Capu Avazeri, du San Partéo et du Monte Cargetu qui toutes trois culminent autour de 750m (voir figure 1 ci-dessus et 6 ci-dessous). Le village est ainsi protégé des vents d’Ouest dominants. Une cuvette qui constitue la partie sommitale de la vallée du Réginu.

Bien que situé au fond de sa cuvette, le village est bâti sur le flanc d’une colline rocheuse à forte pente et bien exposée à l’Est. Nous en reparlerons plus loin.

Géologie

Sur le plan géologique, la commune de Muro s’inscrit dans un domaine qui, pour l’essentiel, appartient à l’intrusion d’Île-Rousse : plus précisément dans la partie la plus occidentale de cette intrusion, mordant ainsi sur la bordure du pluton de Calvi (voir figure 2 et 3 ci-dessous).

Et voir aussi À la découverte du pluton d'Île-Rousse

Figure 2 : La carte géologique de l’intrusion d’Île-Rousse (Laporte, 1987 ; Orsini et al., 1897). Tout en bas de la carte, côté gauche en tiretés noirs les limites de la commune de Muro. (.M) pour situer la position du village.
1, 2 : socle de Belgodère (1 : gneiss migmatitiques ; 2 : granitoïdes plus ou moins orthogneissifiés) ; 3-10 : complexe d'Île-Rousse (3 : unité de Pioggiola ; 4 : granodiorites de Corbara ; 5 : quartzmonzodiorites de Pietrajola ; 6 : stocks vaugnéritiques ; 7 : monzogranites de Percepina ; 8 : quartzmonzonites de Santa Repara ; 9 : monzogranites de Ginebaru ; 10 : monzogranites et granodiorites de Monticello) ; 11 : granite de Luchietta (intrusion de Pietra di Telamu) ; 12 : hypovolcanisme permien.
Autres formations : Ca, intrusion de Calvi ; Ma, série détritique de Mausoleo (Stéphanien terminal) ; V, rhyolites calcoalcalines du Permien inférieur ; Eo, Eocène de Balagne sédimentaire ; Al, alluvions.

Figure 2 : La carte géologique de l’intrusion d’Île-Rousse (Laporte, 1987 ; Orsini et al., 1897). Tout en bas de la carte, côté gauche en tiretés noirs les limites de la commune de Muro. (.M) pour situer la position du village. 1, 2 : socle de Belgodère (1 : gneiss migmatitiques ; 2 : granitoïdes plus ou moins orthogneissifiés) ; 3-10 : complexe d'Île-Rousse (3 : unité de Pioggiola ; 4 : granodiorites de Corbara ; 5 : quartzmonzodiorites de Pietrajola ; 6 : stocks vaugnéritiques ; 7 : monzogranites de Percepina ; 8 : quartzmonzonites de Santa Repara ; 9 : monzogranites de Ginebaru ; 10 : monzogranites et granodiorites de Monticello) ; 11 : granite de Luchietta (intrusion de Pietra di Telamu) ; 12 : hypovolcanisme permien. Autres formations : Ca, intrusion de Calvi ; Ma, série détritique de Mausoleo (Stéphanien terminal) ; V, rhyolites calcoalcalines du Permien inférieur ; Eo, Eocène de Balagne sédimentaire ; Al, alluvions.

Ce territoire, bien que de taille modeste, présente une grande diversité géologique si bien que la lecture de la carte (voir figure 3 ci-dessous) pourrait rebuter le géologue débutant. Pour aider et encourager ce dernier nous présentons ici un schéma (voir figure 4 ci-dessous) qui permet de visualiser sans problème les six grands ensembles géologiques présents sur la commune.

Figure 3 : carte géologique de commune de Muro (Orsini et al 1987). Les granites contemporains de l’Association calco- alcaline Mg/K : 1 – Granodiorites de Corbara ; 2) – quartzmonzodiorites de Piétrajola. Les granites de l’association Mg/K : 3) – Les stocks vaugnéritiques ; < Intrusion d’Ile Rousse >: 4) Les granodiorites et monzogranites de Monticello ; 5) – Les monzogranites hololeucocrates de Percepina ; 6) - les quartzmonzonites de Santa Reparata. <Intrusion de Calvi> : 7) - Les quartzmonzonites d’Aregno ; 8) – Le faciès de bordure d’Aregno. 9) - < Granite hololeucocrate de l’intrusion de Pietra di Telamu> ; Le réseau filonien tardi-hercynien : 10) – microgranite hololeucocrate ; 11) – microtonalite à amphibole ; 12) – microgranite aphyrique ; 13) – microgranite et rhyolite indifférenciés. Le volcanisme orogénique calco-alcalin : 14) - rhyolite à faciès ignimbritique. Le magmatisme alcalin/hyperalcalin : 15) – ring-dyke et filon associés. Les formations fluviatiles : 16) – les alluvions récents.

Figure 3 : carte géologique de commune de Muro (Orsini et al 1987). Les granites contemporains de l’Association calco- alcaline Mg/K : 1 – Granodiorites de Corbara ; 2) – quartzmonzodiorites de Piétrajola. Les granites de l’association Mg/K : 3) – Les stocks vaugnéritiques ; < Intrusion d’Ile Rousse >: 4) Les granodiorites et monzogranites de Monticello ; 5) – Les monzogranites hololeucocrates de Percepina ; 6) - les quartzmonzonites de Santa Reparata. <Intrusion de Calvi> : 7) - Les quartzmonzonites d’Aregno ; 8) – Le faciès de bordure d’Aregno. 9) - < Granite hololeucocrate de l’intrusion de Pietra di Telamu> ; Le réseau filonien tardi-hercynien : 10) – microgranite hololeucocrate ; 11) – microtonalite à amphibole ; 12) – microgranite aphyrique ; 13) – microgranite et rhyolite indifférenciés. Le volcanisme orogénique calco-alcalin : 14) - rhyolite à faciès ignimbritique. Le magmatisme alcalin/hyperalcalin : 15) – ring-dyke et filon associés. Les formations fluviatiles : 16) – les alluvions récents.

Les grands ensembles géologiques présents sur la commune (voir figure 4 ci-dessous)

Figure 4 : Sont ici représentés, de façon très schématique, les grands ensembles géologiques observables sur la commune de Muro.
1 et 2 : les granodiorites de Corbara (1) et les granitoïdes MgK (2) appartenant tous deux au pluton d'Île Rousse
3 : les quartzomonzonites d’Aregno et vaugnérites associées (pluton de Calvi).
4 : les monzogranites du pluton de Pietra di Telamu.
5 : le ring dyke de Calenzana
6 : les alluvions quaternaires du Reginu

Figure 4 : Sont ici représentés, de façon très schématique, les grands ensembles géologiques observables sur la commune de Muro. 1 et 2 : les granodiorites de Corbara (1) et les granitoïdes MgK (2) appartenant tous deux au pluton d'Île Rousse 3 : les quartzomonzonites d’Aregno et vaugnérites associées (pluton de Calvi). 4 : les monzogranites du pluton de Pietra di Telamu. 5 : le ring dyke de Calenzana 6 : les alluvions quaternaires du Reginu

L’histoire géologique de la commune démarre il y a 344Ma avec l’intrusion du pluton d’Île-Rousse. C’est à cette époque que se sont mis en place, de façon concomitante, les magmas à l’origine des granitoïdes de Corbara (1) et ceux de l’association magnésio-potassique (2).

L’intrusion de Calvi plus jeune, datée d’environ (336Ma) intrude les granitoïdes précédents. Nous en avons la trace sur la commune avec la présence des quartzomonzonites d’Aregno et des amas basiques (vaugnérites) qui leur sont associées (3).

L’histoire géologique se poursuit avec la mise en place de l’intrusion de Pietra di Telamu (4). Cet ensemble est limité côté nord par la faille majeure que l’on suit depuis Monte Cargetu au sud-ouest jusqu'à la Pietra di Carnavale au Nord-Est. Il est limité côté sud par le ring-dyke alcalin d’âge Permien supérieur appartenant au complexe annulaire du Cinto.

L’ensemble (5) : ce terme d‘ensemble est ici peu adapté car nous avons regroupé sous ce vocable les événements magmatiques qui se sont manifestés sous forme filonienne aux temps permiens. A la fois les différents filons d’âge Permien inférieur d’orientation globalement (N60/70) et les filons d’affinité alcaline liés au complexe annulaire du Cinto. Le Ring-Dyke dit de Calenzana en étant l’élément principal.

L’histoire se termine aux temps quaternaires par le dépôt des alluvions constituant la nappe du Régino (6).

Ces six grands ensembles ayant été bien repérés, nous allons les décrire pour que le jeune géologue débutant puisse s’y déplacer et y reconnaître l’essentiel des données géologiques.