Trois intrusions de fin de cycle

Pour débuter notre propos, un petit rappel concernant les intrusions majeures d’Île-Rousse (voir À la découverte du pluton d'Île-Rousse) et de Calvi (voir À la découverte du pluton de Calvi) :

Elles sont toutes deux de grande taille, de composition très diversifiée et présentent l’une et l’autre des différences importantes d’organisation interne.

Toutes deux ont été affectées par la mise en place de trois autres intrusions de volume plus modeste (voir figure 1 ci-dessous) : celles d’Algajola et de Porto-Agro qui recoupent l’intrusion de Calvi et celle de Pietra di Telamu qui affecte le pluton d’Île-Rousse.

![**Figure 1 - Carte structurale simplifiée de la Balagne cristalline.

Légende
(**1) alluvions ; (2) ring-dyke alcalin ; (3) volcano-plutonisme alcalin ; (4) volcanisme calco-alcalin ; (5) pluton d’Aranjagia lié au magmatisme calco-alcalin hypovolcanique du Permien inférieur (Ara) ; (6) intrusion de Porto Agro (P.A) ; (7) intrusion de Pietra-di- Telamu (P.T) ; (8) intrusion d'Algajola (Al) ; (9) intrusion de Calvi ; (10) intrusion d’Ile Rousse ; (11) intrusion de Capo Cavallo ; (12) Socle métamorphique de l’Argentella (Ar) ; (13) complexe sédimentaire paléozoïque de l’Argentella ; (14) socle de Belgodère (B) ; (15) structures planaires pénétratives ; (16) protofailles et zones de cisaillements ductiles (structures non pénétratives).](https://s3-us-west-2.amazonaws.com/secure.notion-static.com/192cf480-64a4-4479-bec4-1a749051e946/D1-Figure2.jpg)

**Figure 1 - Carte structurale simplifiée de la Balagne cristalline.

Légende
(**1) alluvions ; (2) ring-dyke alcalin ; (3) volcano-plutonisme alcalin ; (4) volcanisme calco-alcalin ; (5) pluton d’Aranjagia lié au magmatisme calco-alcalin hypovolcanique du Permien inférieur (Ara) ; (6) intrusion de Porto Agro (P.A) ; (7) intrusion de Pietra-di- Telamu (P.T) ; (8) intrusion d'Algajola (Al) ; (9) intrusion de Calvi ; (10) intrusion d’Ile Rousse ; (11) intrusion de Capo Cavallo ; (12) Socle métamorphique de l’Argentella (Ar) ; (13) complexe sédimentaire paléozoïque de l’Argentella ; (14) socle de Belgodère (B) ; (15) structures planaires pénétratives ; (16) protofailles et zones de cisaillements ductiles (structures non pénétratives).

Ces trois intrusions ont des points communs :

Ces roches de par leur grain fin, leur caractère siliceux, leur pauvreté en ferromagnésiens et dans une moindre mesure en plagioclase présentent une grande résistance à l’altération et donc à l’érosion. Ce qui les distingue des matériaux constitutifs des deux intrusions antérieures.

Mis à part le pluton de Pietra di Telamu qui se trouve être dilacéré par des accidents tectoniques d’âge permien, les deux autres ont une disposition nord-sud, conforme à celle des intrusions antérieures : Calvi, Île-Rousse. Les spécialistes nous disent que l’analyse des contacts de chacun de ces trois plutons avec leur encaissant laisse supposer que le laps de temps qui sépare la mise en place de ces couples d’intrusions est certainement court.

Vous ayant décrit, à grands traits, les trois intrusions tardives visibles en Balagne, j’ai choisi de vous présenter l’une d’entre elles plus en détails : l’intrusion de Porto Agro.

A la découverte du pluton de Porto-Agro

Cette intrusion ****est tout à fait particulière. Il s’agit en fait d’un chapelet de petits massifs disposés selon une direction nord-sud et dont les limites avec l’encaissant sont dans le détail difficiles à suivre. Cela s’explique par le fait que ce chapelet de petits plutons s’est probablement mis en place alors que celui de Calvi n’était pas encore complètement cristallisé (voir figure 1 ci-dessus).

Les roches de Porto-Agro se différencient très facilement de celles de leur encaissant (faciès de Calvi et de Nichiareto) à toutes les échelles d’observation.

Elles se distinguent bien dans le paysage de par leur patine rousse et un diaclasage très dense dû à la présence d’un réseau de joints primaires extrêmement serrés (voir figure 2 ci-dessous) ce qui produit un débit en petits blocs (voir figure 3 ci-dessous).

Figure 2 : Au premier plan l’intrusion de Porto-Agro. Elle se distingue parfaitement bien de l’intrusion de Calvi au second plan, de par sa patine rousse et son système de joints primaires très dense.

Figure 2 : Au premier plan l’intrusion de Porto-Agro. Elle se distingue parfaitement bien de l’intrusion de Calvi au second plan, de par sa patine rousse et son système de joints primaires très dense.

Figure 3 : Débit en petits blocs des syénogranites de Porto-Agro.

Figure 3 : Débit en petits blocs des syénogranites de Porto-Agro.

Ces matériaux, fortement rebelles à l’érosion car très siliceux et à grain fin, présentent un aspect ruiniforme très caractéristique (voir figure 4 ci-dessous).