La vie de la femme est rythmée par des périodes aux tonalités, couleurs, parfums différents, une danse où les énergies varient, du rire, des larmes, de la joie et des deuils . A l'instar de la Nature dont elle fait partie intégrante, de sa naissance à sa mort, quatre saisons s'offrent potentiellement à elle: le Printemps ou la Jeune fille, l'Eté ou la Mère, l'Automne ou la Femme pré ménopausée/enchanteresse et l' Hiver ou la Femme ménopausée. Dans chacune réside un peu des trois autres. La frontière est floue! Comme dans une fractale en effet, la femme va connaitre à l'intérieur de son cycle menstruel et même en son absence ces 4 saisons, en correspondance aussi avec les cycles lunaires . Un peu comme si chaque menstruation l'enseignait l'invitant à être attentive à ce qui se passe dans son corps et son esprit.

Ces quatre tableaux nous sont proposées par 3 femmes : Flore Delcourt, Line Burnel et Justine Biernacki-Vallet , accompagnés d'invitations florales, minérales et d'un éclairage sur les fêtes celtiques, odes aux cycles de la nature auxquels ils correspondent.

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Automne

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A l’orée de la ménopause

A l'automne d'une vie de femme se dessine la nouveauté. Entre pleine lumière et premiers voiles, ce temps à la fois transitoire, conclusif et introductif, la conduit tantôt doucement, tantôt brutalement, vers des horizons inconnus qu'elle peut choisir d'explorer de multiples façons lorsque ces indéniables transformations se trouvent accueillies, comprises et accompagnées...

Durant cette période qui s'annonce plus tôt que l'on ne pense (souvent à partir de 40 ans et même avant pour certaines), et dont de nombreuses femmes ne perçoivent ou n'identifient pas l'approche (souvent faute de connexion aux manifestations naturelles de leur corps ), nous retrouvons un peu des trois autres saisons féminines.

Mais c'est souvent sans filet, sans ordre logique, voire sans mesure que ces dernières se mêlent et s'expriment...pour une expérience inédite, en dedans et en dehors d'elle-même. Printemps, été et automne à la fois.

Article “Automne”, réalisé par Line Burnel

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Sensible à la question de l'écologie, collective comme individuelle, je vais à la recherche de tout ce qui peut favoriser l'éveil des consciences et réconcilier l'Humain à l'infinie richesse du vivant : sagesses et cultures ancestrales, enseignements et ressources du monde végétal, thérapies et pratiques diverses en connexion avec la nature…

Printemps, été et automne à la fois

L'été ne peut durer toujours. Les chaleurs étouffantes de l’été laissent peu à peu place aux mystères de l’automne. L’odeur change, la lumière du soleil se fait plus douce et l’énergie de la nature se transforme. Comme après l'ovulation et avant les règles à l'échelle du cycle menstruel, l'approche de la ménopause est un passage un peu crépusculaire, où la femme sent quelque chose changer en elle. Comme un retrait progressif de cette énergie qui la rendait tout ouverte. Ses forces physiques diminuent un peu, et pourtant une force intérieure monte en elle, comme deux courants allant en sens opposés. Ce double mouvement peut générer bien des tensions. Le mouvement de retrait peut faire ressentir une soudaine indifférence ou une lassitude pour les personnes ou les choses qui suscitaient de l'intérêt auparavant. Mais alors que les forces de l'été se retirent, comme dans la nature, la chaleur emmagasinée permet d'achever ses dernières oeuvres : les semences, les graines, les récoltes aussi... Comme un feu intérieur qui termine leur maturité et les libère, en consumant la végétation qui roussit, rougit et s'enflamme d'or et de cuivre. On est comme entre deux mondes, à la fin d'un cycle pour qu'un autre puisse advenir. Elle réalise qu'elle est au point mitan de sa vie de femme. La ligne de côte, tournant ou point d’équilibre entre les puissances croissantes du printemps et de l’été et celles, décroissantes, de l’été plus tardif, et de l’automne.

L’image féminine liée à cette énergie est celle de l'Enchanteresse

Cet archétype particulier, mis en avant par Miranda Gray dans “Les quatre déesses du cycle féminin” traduit et aide à comprendre en profondeur ces courants contraires. A l'échelle du cycle féminin, l'archétype de l'Enchanteresse correspond à la période qui précède les règles, qui incite au retrait. A l'échelle des "saisons" féminines, il entre parfaitement en résonance avec cet état particulier vécu en préménopause. Cet archétype invite en effet à revenir en soi-même, il en donne la force : il enseigne comment se situer sur cette délicate frontière entre saisons. C'est à ce carrefour qu'une femme peut réévaluer les choses qui constituent sa vie et sont comme mises à l'épreuve à ce stade. Comme à l'orée de l'automne, c'est le moment pour elle de ressentir ce dont elle ne veut plus, ce qu'elle souhaite changer. La femme est invitée à apprendre à vivre cette nouvelle saison non comme perte ou déclin, mais comme une transition, une belle opportunité de faire un bilan, pour se dépouiller en conscience, recycler, régénérer, faire le tri dans sa vie pour ne garder que ce qui nourrit son être... Quel a été mon vécu ? Me suis-je autorisée à suivre mes projets, à me mettre au centre de ma vie ? A quoi ai-je donné vie, en tant que mère mais aussi au sens large ? Ai-je été suffisamment à l'écoute de ma créativité et de mes désirs ? Ai-je été en lien avec ma vérité profonde ? Me suis-je permis de l'exprimer dans tous les aspects de ma féminité ?... L'heure des remises en question a sonné : se poser ces questions, le plus souvent les voir s'imposer à la conscience, peut parfois être douloureux et venir bouleverser beaucoup de choses dans une vie. Mais être vraie avec soi-même si on ne l'a pas été auparavant est l'aubaine qu'offre cette période : le seul vrai moyen de s'épanouir ! Elle offre également l'opportunité d'exprimer sa créativité sauvage, celle qui n'a plus peur de sortir des conventions. C'est le temps d'apprendre à chevaucher ses émotions, à les mettre à son service et au service de ses relations, au lieu de se laisser dominer par elles. C'est aussi le moment où s'exprime plus librement sa sensualité, le moment d'attirer, de séduire, de s'affirmer, d'aimer et de créer sans retenue, en écoutant ses désirs profonds.

Côté Lune : de la pleine Lune au dernier quartier

Tout est dit dans cette analogie entre cette phase du cycle de la Lune et l'aube de la ménopause : expansion et plénitude entrent en coexistence voire en conflit avec, non l'arrivée du déclin (!), mais l'avancée vers un nouvel état en demi-teinte : c'est toute la problématique de cette période, qui invite à un numéro d'équilibrisme féminin aussi riche que déstabilisant... Telle la lune qui s'offre au regard dans toute sa rondeur et sa pleine lumière, avant, doucement, de décroître pour laisser place à un nouveau cycle, une femme peut se sentir à cette étape de sa vie divisée entre l'appel d'une pleine expression de sa féminité (désormais connue, assumée, libérée des peurs ou limites possiblement rencontrées lors des saisons précédentes), et la réalité de cette "décroissance" qui s'invite peu à peu dans son corps et son esprit, simultanément à cet élan de pleine féminité. C'est un défi pour elle que d'accueillir cette contradiction et de faire place à ces deux énergies pour qu'elles dansent ensemble et la révèlent, même et nouvelle à la fois. Dans certaines pratiques chamaniques amérindiennes, on pratique "la purification du dernier quartier de lune" propice à la transformation. Il s’agit de se débarrasser des influences négatives et des relations nocives pour se concentrer sur soi et sur les énergies positives à notre portée. Par ailleurs, se relier aux cycles complets de la Lune est une possible ressource pour compenser la disparition progressive de ses propres cycles.

ACCOMPAGNER ET HONORER CETTE SAISON - Le rituel de passage de la fête celtique de Mabon

Dans le calendrier celte, aussi surnommé Roue de l'année, dont s’inspirent plusieurs traditions, il est important de marquer l’entrée d’une nouvelle ère. Généralement célébré le 21 septembre, Mabon correspond à l’instant où le jour et la nuit ont la même longueur. Une fête païenne qui met à l'honneur la nature et ses richesses, un sabbat symbolique en l’honneur de la transition qui s’opère : le calendrier celte invite à se poser pour rendre hommage à la nature, comme le soulignent Amandine Sellier et Charlotte Daynes dans “Femme lunaire”.

“L’équinoxe d’automne nous offre un temps d’équilibre et d’accord parfait entre la saison claire et la saison sombre. Un équilibre suspendu, le temps d’un instant, qui annonce notre entrée dans l’obscurité. À partir de demain, les nuits rallongent et nous entrons dans l’ère de la préparation à l’intériorisation".

Mabon c’est le temps des dernières récoltes de l’année. Un ultime effort nous sera demandé pour recueillir les fruits et les légumes automnaux. Les dernières cueillettes de ce que nous avons semé au printemps et de ce dont nous avons pris soin de faire grandir pendant la saison claire. Tout, autour de nous, l’énergie de l’action est encore palpable. C’est là que nous sentons l’appel de l’ultime effort. Et pourtant, les nuits se rallongeant, l'atmosphère se fait plus apaisante et invite subtilement au ralentissement.” C’est un moment qui invite à l’ introspection. La saison de la Vierge, ce signe besogneux qui nous pousse à fournir les derniers efforts pour se mettre à l’abri avant l’arrivée de la période d’obscurité touche à sa fin. Bientôt, elle laissera place à la saison de la Balance. Un signe astrologique qui recherche l’équilibre, l’équité, dans le but d’améliorer et d’assurer le bien-être intérieur de chacun. “Une fois la récolte effectuée, le temps ne sera plus à l’action, mais au retour à soi, à la chaleur de son foyer, au confort intérieur, celui du coeur. La saison sombre est généralement un temps d’hibernation, de repos, où nous retournons dans notre temple intérieur pour méditer, faire une rétrospective de la saison écoulée, tirer les leçons du cycle qui se termine. Un temps pour nous poser, nous reposer et nous déposer.

Le sabbat de Mabon est donc une belle invitation à tout mettre en ordre pour se préparer au mieux à ce qui nous attend par la suite et à se réinventer : l’automne est aussi la saison où l’on plante les arbres qui ont besoin d’enfouir profondément leurs racines dans la terre. C’est également le meilleur moment pour semer ses graines d’auto-guérison, et d’amorcer des changements intérieurs qui donneront plus tard la force de commencer de nouveaux projets.

"Cet équinoxe pourra être annonciateur de succès à condition d’arriver à plonger dans ses profondeurs pour tirer les leçons qui nous mèneront à l’abondance.”

Célébrer le solstice d'Automne peut donc être une belle manière d'honorer l'arrivée d'une nouvelle saison de sa vie de femme, saison qui s'y apparente en bien des aspects.

<aside> 🍎 Petit rituel pour célébrer le sabbat de Mabon "En ce jour hautement symbolique et empreint d’équilibre, je t’invite à célébrer l’abondance, la plénitude et à rendre hommage au dieu Soleil qui s’en va vers sa mort certaine. Célèbre l’abondance de ce qui est, de ce qui naît et de ce qui sera. Le symbole de Mabon étant la pomme, tu vas pouvoir confectionner une douceur en conscience : une compote maison ou une tarte aux pommes selon tes envies. Pour remercier et faire honneur à notre Terre mère et nourricière qui porte ces pommes et à notre père Soleil chaleureux qui les a gorgées de lumière. Je t’invite également à reprendre ton rêve, à faire le point sur ton avancée vers celui-ci. À reparcourir la liste faite lors du rituel de Litha (printemps) où tu as noté les abondances que tu souhaitais voir s’incarner dans ta vie, puis à cocher ce qui s’est présenté à toi pendant l’été. Cela te permettra d’y voir plus clair sur les points en suspens. Sont-ils toujours d’actualité ? Y a-t-il de nouvelles choses à ajouter ou à enlever de la liste ? Ressens, dans ton coeur, tes intentions pour la saison dans laquelle tu entres. Celle de l’automne, où tout s’éteint doucement. Note-les sur des bouts de papier ou des feuilles d’arbre. Si la Lune est montante ou Pleine, place-les dans une coupe remplie d’eau que tu placeras sous la lueur de la Pleine Lune. Tu pourras alors t’accorder un temps méditatif, avec tes intentions à la lueur de la Lune. Si la Lune est descendante ou Noire - comprendre lors de la Nouvelle Lune, brûle-les dans une casserole en fonte et place les cendres de tes intentions à la terre. Tu pourras alors t’accorder un temps méditatif et de ralentissement, avec tes intentions entre ciel et terre"

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Au quotidien, c'est le bon moment pour :