Pouvons-nous dissocier cette nécessité de prendre soin de soi avec ses résonances implicites : prendre soin de la vie, prendre soin de l’univers, du vivant ?
Qu’en ces temps d'incertitude, la paix et la confiance soient dans votre cœur. La paix afin de sauvegarder votre intégrité et vous protéger des troubles extérieurs, la confiance malgré tout qui permet de traverser les épreuves car elle ouvre le regard sur la profondeur de la réalité et ne s’arrête pas sur les vagues superficielles des apparences. La paix et la confiance sont les rameaux de l’ancrage intérieur. C’est là l’unique nécessaire que de se fonder sur le roc de la foi, sur la certitude de présence et de se laisser porter par le Souffle du Vivant. La source de vie est en nous. La laisser jaillir est le meilleur remède à tous les maux. C’est par défaut d’enracinement que nous nous laissons déstabiliser par les événements extérieurs et par l’agitation du monde.
La phrase qui circule le plus en ce temps perturbé est : « prenez bien soin de vous ». Inviter à prendre soin de soi n’est pas une incitation à l’égocentrisme mais le préalable pour prendre soin de l’autre. Dans l’avion, il est indiqué au passager qu’en cas de dépressurisation, il faut mettre un masque à oxygène. Si un enfant ou une personne âgée ou handicapée nous accompagne, il est recommandé de mettre en premier son masque pour être en mesure de le faire correctement pour la personne voisine. Nous retrouvons ici l’adage : « charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Père Philippe Dautais est prêtre orthodoxe (Patriarcat de Roumanie). Fondateur et co-responsable avec son épouse Elianthe du Centre Sainte-Croix en Dordogne où il anime des sessions et retraites depuis 34 ans. Il enseigne notamment une pratique de la voie spirituelle chrétienne dans l’héritage de la tradition philocalique et hésychaste, laquelle exprime l’essentiel de l’expérience chrétienne du premier millénaire. Philippe Dautais est délégué à l’œcuménisme pour la région sud-ouest par l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France (AEOF) et impliqué depuis 24 ans dans le dialogue inter-religieux. Il est l'auteur de : Le chemin de l’homme selon la Bible aux éditions DDB ; Si tu veux entrer dans la vie et Eros et liberté, clés pour une mutation spirituelle, Ed. Nouvelle Cité ; La voie du cœur, lecture spirituelle de l’évangile de Jean, Ed. Salvator. › En savoir plus sur le site du Centre Sainte-Croix
Pour mieux servir l’autre, il est nécessaire de prendre soin de soi, sinon nous risquons de perpétuer ce mécanisme courant qui consiste à projeter sur l’autre les problèmes intérieurs non résolus ou de vouloir aider l’autre à partir de nos préjugés, de nos points aveugles, de nos biais cognitifs ou de nos impasses inconscientes. Pour mieux être ajusté à l’autre, il convient de s’ajuster intérieurement. La parole de Jésus dans les évangiles : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » ne dit pas autre chose.
En temps de crise, le plus urgent est de revenir en soi-même, de s’enraciner par la méditation et la prière. Pratiques qui nous permettent de prendre de la hauteur par rapport aux évènements extérieurs et qui nous libèrent de l’emprise des émotions puis facilite l’exercice du discernement. Prendre soin de soi ne signifie pas un repli sur soi mais l’ouverture à la profondeur, à un autre regard, un autre plan de conscience qui nous permettent de voir au-delà des fluctuations des apparences d’autres plans de réalité.
En temps de crise, le plus urgent est de revenir en soi-même, de s’enraciner par la méditation et la prière
Nous avons le choix entre deux postures : ou prendre référence dans le monde extérieur et nous laisser coloniser par les conditionnements qu’il nous impose ou nous enraciner dans la source intérieure et découvrir le chemin de la liberté. La première option est semblable à une autoroute, on l’empreinte facilement sans même y prendre garde, la deuxième exige une décision très déterminée car, à priori, elle semble contre nature ou plutôt contraire aux vieux réflexes.
Ces deux postures, nous les retrouvons dans l’histoire de l’humanité, notamment dans les personnages bibliques : Caïn et Seth, Esaü et Jacob.
Au XIXe siècle, nous les voyons émerger dans les figures de Louis Pasteur et d’Antoine Béchamp. Pour le premier, le microbe vient de l’extérieur, les maladies infectieuses sont causées par des micro-organismes invariables dans leur forme et venant toujours de l’extérieur.
Le microbe est l’ennemi à abattre, ainsi furent créés notamment les antibiotiques, soit « anti-vie ». Pour Antoine Béchamp, la maladie a toujours une origine interne, puisque tout organisme vivant qui se dérègle contribue à favoriser la prolifération de bactéries pathogènes et de virus. Pour lui, le microbe a plus de chance de déclencher une maladie s’il rencontre un contexte favorable à son expression. Il synthétisera son approche par cet adage : « le microbe n’est rien (pas le facteur principal), le terrain est tout ». Deux approches opposées que nous voyons à l’œuvre aujourd’hui face à la pandémie qui focalise toute l’actualité. D’un côté, le virus est l’agresseur que nous subissons, qui nous terrorise et que nous devons anéantir, le seul remède préconisé est le vaccin. De l’autre, l’accent est mis sur l’importance de renforcer les défenses immunitaires. D’un côté, aucune médecine préventive n’est proposée, si jamais nous ressentons les symptômes signalés, la consigne est d’appeler le 15. De l’autre, au lieu d’attendre passivement d’être infectés par le virus COVID-19, il est préconisé de faire le nécessaire pour stimuler le système immunitaire. Celui-ci est en résonance avec notre intégrité biologique, psychologique et spirituelle.
Les pratiques spirituelles qui visent cette intégrité, c’est-à-dire notre cohérence ou notre unité intérieure, sont ainsi vecteurs de santé physique, psychique et spirituelle. Ce n’est pas un hasard si le mot grec « soterio » signifie à la fois santé et salut. Ceux-ci convergent dans la formule : « prendre soin de soi » au sens où nous l’avons décrit plus haut.
Ces deux postures que nous avons esquissées plus haut recouvrent deux modes de rapport au vivant. Rappelons qu’aucun organisme ne peut vivre sans le concours des bactéries, des microbes et des virus. Dès lors pourquoi considérer d’un côté ces micro-organismes comme vitaux et de l’autre comme des ennemis. Y aurait-il des bons et des mauvais virus, des bons et des mauvais microbes ?
L’univers du vivant se déploie sans cesse dans le cosmos par des équilibres instables depuis des milliards d’années. Chaque élément contribue à l’ensemble. Dans ce constat, pouvons-nous considérer que certains éléments seraient une menace ? Il se pourrait que la vraie menace soit notre vision dualiste. Quand allons-nous considérer que la vie est une, qu’elle est intelligente, qu’elle nous pose des questions, qu’elle vient nous solliciter non pour nous détruire mais pour nous amener à être pleinement vivants ? Prendre soin de la vie en nous, du vivant en nous, en symphonie avec l’univers du vivant cosmique, ne serait-il pas la réponse la plus appropriée à toute menace épidémique ?
Tout est en inter-relation et en interdépendance. La destruction de la nature se répercute sur les êtres humains. Il est urgent que l’on prenne conscience que prendre soin de soi, prendre soin de la vie, prendre soin du vivant sont des propositions synonymes. L’écologie extérieure et l’écologie intérieure sont une même réalité.
Nous vous invitons à prendre soin de vous en renforçant votre système immunitaire. Sur le plan biologique, d’une part, avoir une activité physique quotidienne ou régulière (aller marcher ou faire du sport), d’autre part, en prenant des compléments alimentaires efficaces contre les atteintes virales tels que : zinc liposomal, vitamine D liposomal, vitamine C liposomal … Prendre conseil auprès des médecins compétents.
Sur le plan psychologique, en prenant du champ face au climat anxiogène et dé-sécurisant qui est irradié par les différents médias ; s’émerveiller de la beauté de la nature est plus profitable. Les études sur le sida ont révélé le lien entre immunité et conscience de soi. Le respect de soi, l’estime de soi, la cohérence personnelle ainsi que la connaissance de soi sont autant de facteurs qui renforcent l’immunité. A l’inverse, le doute sur soi, le sentiment de culpabilité, le jugement de soi, l’auto-dénigrement sont des facteurs qui contribuent à l’effondrement de l’immunité de même que les peurs, le stress, la rumination intérieure.
Sur le plan spirituel, nous l’avons vu, les pratiques de la méditation et de la prière sont hautement bénéfiques couplés au chemin de transformation intérieure.
Pour résumer, nous ne pouvons que vous conseiller de prendre des temps de ressourcement pour stimuler votre système immunitaire. Le ressourcement dans la nature, des rencontres dans un climat de bienveillance et de fraternité, la participation à des sessions spirituelles, comme celles proposées au Centre Sainte-Croix, sont des propositions non seulement essentielles sur le chemin de guérison, mais deviennent en temps de pandémie une urgence sanitaire.
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