Richard Hanna est développeur à Paris et un des fondateurs de la coopérative Fairness. Il a travaillé pendant de nombreuses années surtout en agence web. Aujourd'hui il conçoit des sites de manière responsable et durable pour des associations, des entreprises, des collectivités. Il est notamment à l'origine du plug-in navigateur Carbonalyser créée en partenariat avec le Shift Project.

L'interview audio :

https://s3-us-west-2.amazonaws.com/secure.notion-static.com/7f9fbc83-8e4d-4cf5-9f18-b73218998b15/interview-richard-hannah-fairness-min.mp3

Lien : http://bit.ly/interviewfairness

Retranscription :

Peux tu te présenter, présenter ton parcours et comment tu en es arrivé à la coopérative Fairness ?

Je suis Richard, dévelopeur, coopérateur chez Fairness à Paris. Je suis rentré dans le web fin des années 90, j'ai tout de suite voulu en faire mon métier, j'ai fait pas mal d'agences web, quasiment que ça, passer de projet en projet. Et puis, il y a 5 ans, on s'est rencontré avec mes collègues actuels. Depuis le départ on voulait montrer une scope, ça a mis un peu de temps et au final on l'a fait il y a quelques mois. Une scope, une coopérative c'est quand tous les associés sont salariés et tout le monde peut contribuer au sein de la boîte à la vie de la boîte, à la stratégie, à la communication, au développement et aussi il y a le partage des richesses qui va avec. Chez Fairness on ne cherche pas non plus la richesse à tout pris en terme financier, mais surtout la richesse par rapport à ce qu'on va produire les projets sur lesquels on va travailler. On travaille en priorité sur des projets éthiques, qui font du bien à l'humain et aussi à l'environnement, ça passe aussi par réduire l'empreinte environnementale de ce que l'on conçoit.

C'est quoi tes activités au quotidien ?

Très très varié. Ça peut être développer des fonctionnalités particulières, aller à la rencontre du client pour travailler sur quelles sont les fonctionnalités attendues, proposer des solutions. Ça peut être aussi l'aspect commercial, d'aller rencontrer des prospects et de leur proposer des solutions, d'estimer les projets. Ça peut être l'aspect communication, ça passe par du twitter, linkedin, écrire des articles, enregistrer, publier des podcasts, rencontrer du monde, réseauter, aller à des meetups.

J'ai vu que vous faisiez des contributions à des organismes comme The Shift Project, Green IT, est-ce que tu peux m'en dire un peu plus ?

Fairness, on essaye de libérer de plus en plus de temps pour les autres, pour le milieu associatif, pour des startups qui n’ont pas forcément les moyens, mais qui sont en phase avec nos valeurs. C'est souvent des opportunités, des rencontres. J'ai découvert le Shift Projet avec le rapport sobriété numérique en octobre 2018 et je les ai contactés. Je leur ai demandé s’ils avaient besoin d'aide. Ils m'ont dit qu'ils aimeraient bien faire un plug-in pour navigateur pour mesurer l'empreinte carbone. C'est comme ça qu'on a commencé à travailler sur Carbonalizer. Ça, c'est une contribution. Ça continue encore sur Carbonaliser, il y a des évolutions.

J'ai des collègues qui ont travaillé aussi sur GreenIT.fr, collectif conception numérique responsable, sur les rapports sur l’empreinte environnementale du numérique.

Personnellement si je grignote un peu sur mon temps de travail je fais aussi mon temps bénévole auprès d'étudiants sur des projets d'intérêt général. L'idée c'est de les aider à développer un projet, un peu sur l'aspect technique, mais plus sur l'aspect organisationnel, apporter un peu d'agilité. L'idée est aussi de leur dire qu'une autre voie est possible, surtout chez les ingénieurs on va travailler dans des grosses boites. Il y a aussi d'autres projets utiles dans lesquels s'engager notamment pour l'intérêt général aussi projet startup dédié à l'environnement ou tout aspect social.

Ça t'es venu comment toi de vouloir faire du numérique plus responsable, plus durable ?

C'était progressif, mais j'ai eu quand même un petit choc thermique. Fin été 2018, démission de Nicolas Hulot alors ministre de l'écologie ,même si ce n’était pas quelqu'un que je suivais particulièrement, c'était déjà bizarre qu'il soit dans ce gouvernement la. Honnêtement je le dis ici j'ai toujours trouvé macron même quand il était ministre je me disais, mais qu'est-ce qu'il fout la ce mec la, cet ancien financier, banquier. La démission d'Hulot était attendue, mais m'a fait quand même un choc. Un ministre ce dit : « je ne peux rien faire  alors que j'ai "les pleins pouvoirs" je pourrais faire pleins de choses, je suis au gouvernement », mais non, on sent que même la tu peux pas faire grand-chose. T'as tous les lobbys, tout le système financier, les entreprises qui font pression, ça ne bouge pas des masses. L'opinion publique veut des changements . Il serait vraiment preneur de quelque chose qui viendrait de plus haut.

Aujourd'hui c'est plus les individus ensemble qui font bouger les choses plutôt que nos chères autorités ou nos entreprises . Là, les entreprises sont en train de faire des efforts parce que les gens le demandent. On voit très bien avec l'exemple Yuka qui fait bouger les lignes au niveau agroalimentaire.