Un estivant a trouvé la mort à la crique de l’Anse Méjean. Des investigations sont en cours mais la thèse de l’accident est privilégiée, selon une source proche de l’enquête.
Georges Mc Arthur, businessman texan, a chuté en remontant de la plage sous les yeux effarés de son épouse, qui a tout tenté pour lui venir en aide. Les témoins déclarent l’avoir vu tenir la main de son mari de longues secondes avant que celui-ci ne tombe.
“Le hurlement désespéré de cette femme restera longtemps gravé dans ma mémoire” déclare Stella Martin, urgentiste de Martigues, en vacances dans la région. Stella descendait à la plage lorsqu’elle a entendu des cris. Elle s’est précipitée au secours de la jeune épouse pour l’empêcher de basculer, à son tour, dans le vide. Après l’avoir mise en sécurité, elle a appelé les pompiers sans espoir, cependant, quant-à la survie du mari.
Rappelons qu’un accident similaire est arrivé l’an dernier au même endroit. Quand la mairie va-t-elle enfin sécuriser ce sentier ?
Mais rappelons, également, à nos estivants, les comportements préventifs à adopter : ne pas s’exposer aux heures les plus chaudes, s’hydrater régulièrement, porter des chaussures et des équipements adaptés au terrain. En cette funeste après-midi, Georges Mc Arthur semble avoir cumulé les erreurs.
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Georges et moi nous sommes connus à la fac. Il était séduisant et brillant. J’ai tout de suite craqué pour lui. Nous nous sommes rapidement installés ensemble puis mariés. Je croyais à son idée de start-up et j’ai investi sans hésiter. Cette boîte, nous l’avons montée ensemble et faite grandir ensemble. En tant que directrice RH, j’ai déniché les meilleurs profils. Des gens parfois border-line, parfois introvertis ou travestis, voire parfois des gens avec un casier judiciaire. Parce que je crois en chacun d’eux, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes à notre entreprise. Notre réussite est collégiale.
Au cours de nos 10 années de vie commune, Georges a changé. il s’est mis à être moins présent puis plus du tout ou si peu. Dernièrement, il daignait passer au bureau une fois par semaine, le mardi. Mais il s’en remettait totalement à ses employés. Et nous avons gardé le cap sans lui. Le jour où Angelo a remarqué des opérations étranges dans les comptes, il a mené son enquête et s’en est ouvert à moi. Il avait découvert que Georges jouait au poker. Contrairement à ce que pensait mon mari, la loyauté ne s’achète pas ; elle se gagne.
Angelo et moi avons pris les choses en main avant que Georges ne dilapide l’argent de l’entreprise. Nous l’avons “encadré” à son insu. Angelo a recontacté d’anciennes connaissances et les a présentées à mon mari.
A partir de ce jour, chaque partenaire de poker de Georges travaillait pour moi. Angelo a fait entrer en scène les usuriers. Les contrats signés étaient en faveur d’une société écran, gérée par notre entreprise. Je n’ai jamais perdu ma maison, ni la société.
Mais il me fallait les parts à 100% et ce, de manière légale. C’est comme cela qu’est né le plan de me débarrasser de mon mari. Je dois dire que c’était mon ultime piège. S’il n’avait pas accepté, sans aucun remord, de tuer une innocente pour lui sauver la mise, j’aurais renoncé à mon plan. Mais il a scellé son destin par cupidité et faiblesse.
Je connais “Stella” ou quel que soit son vrai prénom, depuis longtemps. Le fait que Georges n’ait pas remarqué son incroyable capacité à mettre ses pas dans les miens, prouve une fois de plus qu’il était moins malin qu’il n’en avait l’air. Fallait-il que je sois amoureuse pour ne pas m’en rendre compte plus tôt !
Les enquêteurs n’ont rien relevé de bizarre. Hormis la datura dans la gourde et la grosse assurance vie au nom de mon mari, dans le cas où je décèderais. Le lieutenant Basil, de la police de Toulon, me semblait préoccupé pendant l’enquête. Il a fini par m’annoncer, avec toutes les précautions possibles, que mon mari cherchait probablement à m’assassiner pour récupérer le montant de mon assurance vie. “Il se sera trompé de gourde” a-t-il conclu.
S’il y a bien une chose vraie, dans cette histoire, c’est que la gourde n’était pas celle que Georges croyait !